Bienvenue au cœur battant du football corse : le Stade Armand-Cesari, un temple où les passions se déchaînent et les histoires se forgent. Édifié à Furiani, l’antre emblématique du Sporting incarne l'esprit insulaire et la ferveur Bianch’è Turchina.
À l’aube des prochains travaux d’envergure au sein de l’enceinte, nous vous proposons de plonger dans l'histoire de ce lieu mythique, où le sport se mêle à l'identité culturelle de tout un peuple.
1905 : Un club mais pas de stade
Fondé en 1905, le Sporting Club de Bastia ne s’est pas doté immédiatement d’un stade. Ainsi, c’est sur la place Saint-Nicolas que le club a disputé ses toutes premières rencontres. Des mains courantes faites de cordages empruntées au port, des buts amovibles et un lampadaire au centre du terrain, suffisaient à l’époque pour que les premiers joueurs du Sporting fassent vivre le ballon rond.
Assez mal vu au départ, le football gagne progressivement en popularité à Bastia et en Corse jusqu’à se démocratiser : on dénombre une quarantaine de clubs avant le début de la Première Guerre mondiale en 1914. À l’époque, le Sporting est bien souvent forcé de se déplacer de terrain en terrain, tantôt sur la place Saint-Nicolas, puis sur la Place d’Armes, au Stade Olympique et même à Corte. La nécessité pour le club de trouver un terrain fixe se fait alors sentir.
1932 : Naissance du temple du football corse
Durant les années 20, le projet de création d’un stade est à l’étude du côté des dirigeants du Sporting. L’objectif : accueillir du public tout en faisant du stade un outil pour générer des ressources telles que la billetterie, la publicité ou encore la location à d’autres sociétés. Le site de Furiani au lieu-dit Campaleone est alors retenu. Le prix du terrain est accessible avec une bonne qualité des sols, et la proximité de la gare facilitant l’accès du public depuis le centre-ville de Bastia est également un avantage non négligeable.
Ainsi, le 1er décembre 1926, les dirigeants du Sporting et leur Président de l’époque, le docteur Pierre Luciani, font l’acquisition de la propriété sur la commune de Furiani, lieu-dit Campaleone, pour un montant de 3 500 francs. La première pierre de la Tribune Sud fut posée le 4 février 1932 avant que le stade ne soit inauguré le 16 octobre de la même année. Il est alors baptisé “Stade du Docteur Luciani” : un clin d'oeil au au Président de l’époque, à l'initiative du projet.
Puis, à partir de la saison 1937-1938, il est renommé “Armand-Cesari” en hommage au capitaine bastiais disparu en 1936, vainqueur de six titres de champion de Corse et de cinq coupes de Corse.
Le club et son enceinte : un parcours tumultueux et une évolution commune
Nous y étions. Le stade de Furiani était né et allait suivre l’évolution du club porte-drapeau du football corse. Néanmoins, seulement trois ans après son inauguration, le nouveau terrain des Turchini faisait face aux premières difficultés. En 1935, une véritable tempête s’abat sur la région bastiaise, détruisant la quasi-totalité du terrain ainsi que les murs de l’enceinte. Les dirigeants du club doivent alors faire appel aux ministères, mais aussi et surtout à leur portefeuille, pour que le stade du SCB continue de vivre.
La volonté d’assurer l’entretien et l’évolution de l’enceinte a toujours été présente du côté de la direction bastiaise afin de suivre l’émancipation du Sporting qui devenait peu à peu incontournable sur l’île. Le club était sacré champion de Corse pour la première fois en 1927 ; un titre qui était suivi de six autres consécutifs, imposant ainsi la suprématie Bianch’è Turchina. Les progrès du club connaissent ensuite un coup d’arrêt avec la Seconde Guerre mondiale de 1939 à 1945.
Une fois la guerre terminée, le football repart avec un engouement jusque-là jamais égalé. Le Sporting et son stade continuent alors leur marche en avant et c’est en 1948 que les premiers travaux d’agrandissement débutent : la Tribune Nord Honneur est alors édifiée.
Par la suite, en 1953, la Tribune Sud accueille ses premiers panneaux publicitaires, synonymes de revenus pour le club.
Puis, en 1964, la Tribune Est est inaugurée, accompagnant l’entrée du club dans le monde professionnel en 1965. Durant cette même année, la direction du Sporting étudie la possibilité d’équiper le Stade Armand-Cesari d’un système d’éclairage. À cette époque, seuls les stades des géants du football français tels que Saint-Étienne, Reims et Lyon en sont dotés pour recevoir les matchs une fois le soleil couché.
Le football souffrait de la concurrence des nombreuses manifestations organisées le dimanche en journée, entraînant une diminution des affluences. Il devenait nécessaire de trouver un nouvel horaire pour les matchs : le samedi soir en nocturne attirerait de nouveau les spectateurs au stade. Ainsi, l’éclairage fait son apparition en 1968 à Armand-Cesari.
Une renommée européenne
Malgré sa faible capacité (moins de 10 000 places), le Stade Armand-Cesari s’apprête à recevoir la prestigieuse Coupe UEFA durant la saison 1977/78 après l’excellent parcours du SCB en championnat (3ème au classement de première division).
Bien qu’inadapté et même dangereux avec ses fils barbelés autour du terrain et ses petites tribunes, le stade a accueilli les matchs à domicile, des 32èmes de finale jusqu'à la finale aller. Les partenaires de Claude Papi éliminent le Sporting Portugal, Newcastle United, le Torino, Jena et le Grasshopper Zurich.
La finale aller se déroule dans des conditions précaires, car des pluies diluviennes avaient transformé le terrain en bourbier. Il était impossible de reporter le match en raison de l'approche de la Coupe du monde 1978. Cela a influencé le résultat du match (0-0 contre PSV Eindhoven avant une défaite 3-0 au retour aux Pays-Bas).
Bien que l'affluence officielle de 15 000 spectateurs soit probablement exagérée, la ferveur des supporters corses fait en sorte que beaucoup se tiennent debout et serrés pour assister à l’évènement.
Le drame
Si son histoire est riche en succès et en aventures, Armand-Cesari demeure également tristement célèbre pour la catastrophe survenue lors de la demi-finale de la Coupe de France 1992 face à l'Olympique de Marseille, le 5 mai.
Les dirigeants de l’époque décident alors de faire ériger en urgence une tribune provisoire d'une capacité de 10 000 places. Cette construction, réalisée en violation flagrante des normes de sécurité, n'est pas stoppée par les autorités de contrôle.
Le jour du match, alors que la tribune se remplit dans les heures précédant le coup d'envoi, des signes de fragilité apparaissent. À quelques minutes du coup d'envoi, la partie haute de la tribune s'effondre tragiquement. Le bilan de cette catastrophe est lourd : 19 morts et plus de 2 300 blessés. 32 ans après, cette tragédie reste profondément ancrée dans la mémoire de tous les supporters du Sporting et plus largement de tous les Corses.
La reconstruction
Après le drame, vient la reconstruction. En 1994, le Sporting accède à la première division et, comme tout au long de son histoire, le Stade Armand-Cesari accompagne l’évolution de son club. Une série d’aménagements débute donc.
Les premiers travaux ont débuté en 1994, marquant le début d'une série de transformations majeures. La mythique Tribune Est a été démolie, puis reconstruite et inaugurée en 1995, offrant 2 490 places aux spectateurs.
En 1997, la Tribune Nord a vu le jour, s'élevant sur deux étages et pouvant accueillir 5 500 personnes. La Tribune Ouest a suivi en 2001, après une démolition et une reconstruction complète, avec une capacité de 2 990 places.
Enfin, la Tribune Sud a été démolie, reconstruite et inaugurée en 2011, ajoutant 5 500 places supplémentaires.
Le nouveau projet de rénovation
Le 26 novembre 2022, la Communauté d’agglomération de Bastia a dévoilé le projet de modernisation ainsi que la maquette du Stade Armand-Cesari rénové. Prévu pour un coût de 12 millions d'euros, ce vaste chantier de modernisation débutera à l’issue de la saison en cours et devrait s'achever deux ans plus tard.
Les travaux de modernisation comprendront plusieurs volets importants. À commencer par la refonte et la couverture de la Tribune Est Jojo-Petrignani avec des travaux qui débuteront durant l’intersaison. La tribune des accaniti subira une restructuration des gradins pour modifier son inclinaison, améliorer l’accueil et la disposition. En outre, la Tribune Ouest Pierre-Cahuzac sera également couverte. À l’arrière de la Tribune Claude-Papi (Nord), une extension de la couverture sera réalisée en toile tendue microperforée.
Une brasserie dans la Tribune Nord Claude-Papi sera créée pour offrir de nouveaux services et renforcer l’attractivité du Stade Armand-Cesari. Une cuisine centrale sera construite, et de nouveaux espaces seront aménagés au premier étage de la Tribune Victor-Lorenzi (Sud) pour mutualiser salons VIP et salle de séminaires. La tribune de presse et la salle de presse seront modernisées.
Les extensions des couvertures des Tribunes Nord Claude-Papi et Sud Victor-Lorenzi seront envisagées si possible. L’aménagement des abords extérieurs du stade et la rénovation de la zone des vestiaires sont également prévus. Enfin, une fan zone sera créée sur le parking Est du stade.
Le Stade Armand-Cesari, véritable symbole du football corse, va donc entrer dans une nouvelle ère pour répondre aux besoins de son époque tout en préservant son riche héritage.
Le nouveau projet de modernisation, avec ses investissements ambitieux, promet de renforcer encore davantage cette institution emblématique. En perpétuant la mémoire des succès et drames du passé et en se préparant pour un avenir prospère, le Stade Armand-Cesari demeure le cœur vibrant du Sporting Club de Bastia et un pilier incontournable du sport insulaire.
Ùn truverete lu paru... ghjè unicu solu è caru... u nostru stadiu... Armand-Cesari !