Claude Ferrandi : « Rectifier pour être à la hauteur »

Claude Ferrandi : « Rectifier pour être à la hauteur »

À mi-saison, le président du Sporting, Claude Ferrandi, est notre invité. Il fait le bilan de cette première partie de championnat et passe l’ensemble des sujets au crible. Sans langue de bois, il évoque les récents événements, les relations avec le public, le recrutement ou encore l’extra-sportif.

 

« Président, l’année civile s’est achevée par un nul décevant à domicile et une défaite à Saint-Etienne. Au-delà de ces rencontres, quel bilan sportif et comptable tirez-vous à mi-parcours ?

Avant toutes choses, je souhaite adresser tous mes vœux de santé, bonheur et prospérité à toutes les composantes du club, à nos supporters ainsi qu’à tous ceux qui œuvrent pour le club.

On peut être effectivement déçu de ces deux résultats. D'abord parce que QRM est un adversaire direct et qu'il aurait été utile de prendre ces deux points supplémentaires pour s'éloigner de la zone rouge. En ce qui concerne le match de Saint-Étienne, les regrets subsistent dans le fait de ne pas être rentré dans le match dès le début et d'avoir attendu d'être dos au mur pour réagir. Le bilan sportif à la vue de ces éléments factuels n'est pas conforme à nos attentes.

 

Revenons sur le match de QRM, l’arbitrage a fait beaucoup parlé avec de nombreuses actions pour le moins litigieuses contre le Sporting?

Cette rencontre de QRM arrive dans un contexte où de nombreuses décisions arbitrales ont été prises contre le club depuis le début de saison. Je pense notamment à Amiens avec le pénalty qui nous est accordé et qui, après pression des joueurs d'Amiens, a été annulé, sans qu'il n'y ait aucune raison à cela ! On a même vu le juge de touche se positionner sur la ligne de but tant ce penalty paraissait évident.

Pour QRM, il y a d'abord un tacle très dangereux sur Jocelyn Janneh, qui méritait un carton rouge, je précise que Dylan Tavares a été exclu à l'ACA pour beaucoup moins que cela, il y a ensuite une autre décision qui n'est absolument pas explicable, celle de signaler Facinet Conte hors-jeu alors qu'il récupère le ballon dans les pieds de son adversaire. Le visionnage et re-visionnage de cette action vous font enrager.

 

La fin du match a donné lieu à une forte confusion sur le terrain et dans les tribunes…

Il y a eu une série d'événements regrettables, c'est ce qui arrive lorsque l'on traverse une telle passe. De manière surréaliste, l’arbitre demande de faire une annonce au micro, du jamais vu là encore malgré la réglementation LFP, au prétexte que le juge assistant subissait des insultes racistes. Il faut savoir que cette annonce a été demandée sous menace d'arrêter le match, ce qui aurait pu avoir d'autres conséquences. 

Pour le reste, le club a pris les dispositions nécessaires pour faire en sorte que de telles choses ne se reproduisent plus.

 

Paris FC, QRM, à deux reprises des accusations de racisme ont été portées contre les supporters. Quelle est votre réaction ?

Je peux assurer à tout le monde que les supporters du SCB ne sont en aucun cas racistes. C'est ce que nous allons défendre devant la commission de discipline le 17 janvier. Attention je ne prétends pas non plus que nous sommes les plus sages du championnat ! Mais il faut que l'on soit considéré comme tous les autres supporters et comme tous les autres clubs. 

 

« Tirer les leçons de nos erreurs »

 

Nos supporters semblent décrier la mentalité et l’état d’esprit affichés sur mais également en dehors du terrain. Que pouvez-vous répondre à cela ?

C’est un sujet très important pour moi dont j’ai discuté avec les Socios et des supporters actifs il y a quelques jours. Je peux vous assurer que nous partageons la même vision du Sporting. La mentalité du Sporting c’est son ADN sur et en dehors du terrain. Nous sommes un club avec des valeurs de solidarité, de combativité mais aussi d’accueil et de respect. 

Cela doit se traduire sur le terrain et ce à chaque match. Nous avons montré que nous en étions capables sur certaines grosses affiches. Les tribunes et les joueurs étaient à l’unisson. Nous devons reproduire ça à chaque match. En tant que Président, j’y veillerais car c’est l’essence même de ce que nous sommes. Cela m’a d’ailleurs valu une suspension de 4 mois pour avoir contesté le traitement injuste de l’arbitrage à Ajaccio. 

 

La communication du Club, de manière générale, est également pointée du doigt depuis pas mal de temps…

Nous sommes effectivement critiqués sur ce sujet également, et il est de notre devoir d'en prendre acte et d'agir pour rectifier cela. J'ai d'ailleurs rencontré le pôle communication avec le Directeur Général Délégué, Jérome Negroni, et nous avons mis en place des actions correctives pour pallier ces manques. Là encore, c’est au cours des échanges avec les supporters qui nous font remonter cela en étant utilisateurs et destinataires de cette communication. Nous en prenons acte.

Nous parlions de mentalité, notre communication doit refléter le fait que nous sommes un club unique, centenaire, fort du soutien de ses supporters. Nous devons combiner une communication moderne tant sur la forme que le fond mais en nous appuyant sur notre histoire inépuisable, nos valeurs, notre fierté d'être le Sporting Club de Bastia. C’est aussi qui nous sommes, corses, qui doit être mis en avant.

 

Le Club a récemment adressé un message fort en prolongeant des joueurs comme Fabri, Roncaglia, Santelli ou encore Tomi. 

Oui, ce sont des joueurs qui sont la preuve que notre état d'esprit est inchangé, ce sont des garçons de club. Nous savons que nous pouvons compter sur eux. Il était important de continuer de bâtir le club de demain avec ceux qui en ont été à la résurrection, et ceux qui veulent apporter leur pierre à la reconstruction.

 

Sur un volet purement sportif, comment jugez-vous le recrutement effectué l’été dernier et les perspectives pour ce mois de janvier ?

Le recrutement est véritablement remis en question, cela fait partie des choses que nous souhaitons rectifier, nous avons fait des erreurs. Nous le reconnaissons. Dans ce cadre, nous avons mis en place une autre manière de fonctionner entre la cellule, le staff et la direction, avec des échanges beaucoup plus fournis et réguliers de sorte à perdre le moins d'infos possible et faire en sorte de cibler les joueurs de la bonne manière. 

Le mercato d’un club de football est toujours soumis à des aléas. On le voit avec les plus grands clubs. Mais mon rôle de Président, c’est de tirer les leçons de nos erreurs et de mettre en place les conditions pour s’améliorer sur le sujet.

 

Pour autant, de belles satisfactions demeurent, on pense notamment à Facinet Conte ou encore à la progression constante d’Yllan Okou ? 

Oui bien entendu, ces joueurs font partie des satisfactions, on peut citer aussi Check Keita, je pense que d'autres vont monter en puissance, pour moi Felix Tomi étant avec la réserve l'année dernière, fait partie des recrues. Je pense que Loup Diwan Gueho et Mateo Loubatières, vont aussi nous montrer leurs capacités, ce sont de jeunes joueurs, et c'est aussi cela construire une équipe, nous avons le devoir de façonner des jeunes joueurs qui nous appartiennent et peuvent se révéler plus qu'utiles pour les saisons suivantes.

 

« Un objectif de 4 points sur 6 »

 

A quelques jours de cette « double reprise » à domicile, quels objectifs avez-vous fixé au groupe ? On se souvient que les victoires de l’an passé avaient permis à l’équipe de connaître la seconde partie de saison que l’on sait…

Les saisons se suivent mais ne se ressemblent pas, je le sais. Nous recevons coup sur coup deux grosses cylindrées, mais là encore nous devons nous concentrer sur ce que nous savons faire, pas ce que font les autres. Oui, un objectif de 4 points sur 6 semble être un challenge intéressant à relever, mais l'idée est bien évidemment comme à chaque fois de gagner, nous ne partons jamais pour faire un nul, il n'y a que des compétiteurs, en tout cas ceux considérés comme ne l'étant pas, seront remerciés.

 

Le maintien est-il aujourd’hui clairement l’objectif du Club ?

La fin de saison dernière nous a fait nourrir des espoirs légitimes. Mais aujourd'hui, notre objectif est clair : obtenir le maintien le plus vite possible. Après cela, nous verrons si cette saison nous donne la possibilité de viser plus haut. Si c’est le cas, évidemment qu’on ne se privera pas ! 

 

Cet aspect évoqué, abordons le grand dossier du futur centre de formation qui a retenu une certaine part d’énergie collective ces derniers mois…

Oui effectivement, nous avons toujours dit que nous ferions le travail nécessaire à la mise en place de notre centre de formation. Nous avions déjà connu quelques avancées, qui à l'échelle n'ont pas eu d'ampleur forte. Mais aujourd'hui c'est différent, nous avons quasiment achevé les travaux du nouveau terrain synthétique de Borgu (livraison fin janvier), nous avons réhabilité un terrain en pelouse naturelle, nous avons aménagé l'accès et un parking en enrobé, les parents se sont vu offrir un espace dédié en guise de buvette et espace à vivre, les bureaux de l'association sont également sur place, nous savons accueillir des joueurs à l'essai ou joueurs de la réserve par le biais de structures modulaires, parfaitement aménagées elles aussi...

Nous avons, en termes d'organisation, répondu à toutes les attentes de la Direction Technique Nationale, de sorte à formuler notre demande d'agrément de centre de formation. Il y un très gros travail qui a été fait pour avancer sur ce qui doit être l'un de nos poumons financiers pour le futur. La formation est un temps long mais le but est clairement de doter le Sporting d’un véritable centre de formation sur Borgu. Chose qui n’a jamais été faite.

 

Quel a été le coût de ces premiers travaux ?

Les infrastructures listées ont coûté 1.2 M€ environ, et pour ce qui est de l'organisation c'est une avance de fonds de près de 300k€ qui est faite par le club pour espérer atteindre le graal de l'agrément. Tout cela aurait été impossible sans les ventes de Van Den Kerkhof et de Magri, ces joueurs nous manquent mais c'était nécessaire pour avancer et continuer de bâtir. Le Sporting, pour la première fois depuis très longtemps, a investi sur ses fonds propres pour la formation de nos jeunes.

 

« Aucun fauteuil grand-public ne sera condamné en tribune Sud » 

 

Le Stade Armand-Cesari également s’apprête à faire sa mue…

Effectivement, la CAB a décidé d'investir dans ce projet de rénovation du stade ou d'achèvement du stade devrais-je dire. Nous avions appelé de nos vœux ces travaux depuis longtemps, et je salue l'abnégation du président Pozzo Di Borgo, qui a fait en sorte que ce projet prenne vie.

Il y aura des aménagements qui moderniseront, enfin, le stade comme la couverture des tribunes Est et Ouest. Mais plus globalement avec l’apport des Socios et des supporters en général, nous avons voulu créer un stade qui sera à nul autre pareil. Il restera Furiani avec une expérience supporter optimisée. 

Et précision importante, la Direction du Club ne condamnera pas le moindre fauteuil grand public en tribune Sud pour les remplacer par des VIP. L’accès au Salon prévu ne sera ainsi pas lié à l’occupation d’une loge comme cela peut être le cas en tribune Nord. 

 

De manière générale, quels voeux formulez-vous pour votre Club à l’orée de cette nouvelle année ?

Je souhaite simplement que nous continuions, tous ensemble, instances dirigeantes, joueurs, staff, stadiers, accompagnateurs, supporters et collectivités, à faire grandir notre Club, en n'oubliant jamais d'où nous venons, et que la modestie, l'abnégation au travail soient au coeur de nos engagements.

Le Sporting le mérite. Notre club a trop vécu d’heures sombres pour que nous ne soyons pas à la hauteur. »