Formation et exigence : Gros plan sur les U18 de Philippe Le Maire

Formation et exigence : Gros plan sur les U18 de Philippe Le Maire

Avec une solide première place en championnat et un parcours remarquable en Coupe Gambardella avec la prochaine reception de l’ESTAC Troyes le 2 février prochain en 16e de finale, les U18 du Sporting Club de Bastia réalisent une première partie de saison très intéressante.

Pour mieux comprendre les clés de ce succès, nous avons rencontré Philippe Le Maire, l’entraîneur de cette génération prometteuse, qui nous livre sa vision, son parcours et ses ambitions.

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours en tant qu’entraîneur et formateur ?

Je m’appelle Philippe Le Maire, j’ai 62 ans et je suis originaire de Bretagne.
Je baigne dans le football depuis toujours, et cela fait 35 ans que je travaille au sein de clubs professionnels. J’ai débuté comme éducateur et, en 2010, j’ai obtenu mon diplôme de formateur.

Ma carrière d’entraîneur s’est principalement déroulée en Bretagne, dans les Côtes-d’Armor, où j’ai commencé en intervenant pour les districts et la ligue, notamment dans le cadre du football scolaire. Ensuite, j’ai rejoint l’En Avant Guingamp, où j’ai passé plus de 15 saisons. J’en garde d’excellents souvenirs, car c’est là que j’ai véritablement appris mon métier. Je suis arrivé avec un BE1 (Brevet d’Entraîneur 1) et j’en suis reparti avec mon diplôme de formateur.

Par la suite, j’ai connu d’autres expériences, notamment au club de Fougères (N3), près de Rennes, en tant que manager général et responsable de l’équipe fanion durant trois saisons. J’ai également travaillé au Stade de Reims, où j’étais à la fois entraîneur des U17 nationaux et coordinateur de la préformation.

Enfin, depuis juillet dernier, j’ai posé mes valises au Sporting Club de Bastia, et je suis très heureux d’être ici, en Corse, dans ce club mythique.

 

Justement, racontez-nous votre arrivée au club et ce qui vous a motivé à rejoindre ce projet.

Pour tout vous dire, au départ, j’étais chez moi en Bretagne, prêt à profiter tranquillement de ma retraite (rires). Puis, j’ai reçu un coup de fil de Manu Giudicelli. Nous n’avions jamais travaillé ensemble, mais nous nous connaissions depuis longtemps, grâce à diverses rencontres et compétitions. Le contact s’est fait de manière très naturelle.

Honnêtement, dès notre premier échange, j’ai été séduit par la politique mise en place, axée sur "l’alignement des hommes" entre le président Claude Ferrandi, Frédéric Antonetti, Benoît Tavenot et Manu Giudicelli. Manu m’a proposé d’intégrer cet alignement à travers la formation et l’accompagnement des joueurs, en prenant en charge le groupe U18. J’ai tout de suite adhéré au projet.

 

Vous avez découvert ce groupe cet été. Quel est votre ressenti sur cette génération et sur la première partie de saison ?

Effectivement, j’ai découvert ce groupe U18 régional, puisque, malheureusement, nous n’avons pas d’équipe en U19 Nationaux cette année, à la suite de la descente de la saison dernière. Cela me permet aussi de sillonner la Corse (rires) et de découvrir cette île magnifique.

Ce groupe est constitué d’un mélange de joueurs corses et de joueurs venant du continent. Rapidement, l’union, la solidarité et le partage se sont imposés comme des enjeux majeurs pour transformer cette diversité en une véritable force.

Je pense que nous sommes sur la bonne voie. Les résultats sont là : nous sommes premiers au championnat, les valeurs et les principes de jeu sont respectés, et nous sommes toujours en lice en Coupe de Corse et en Gambardella. Je suis très satisfait de mes joueurs, mais je les encourage chaque jour à se dépasser, car, pour toucher les sommets ensemble, l’exigence au quotidien est essentielle.

 

Comment se passe votre collaboration avec votre adjoint ?

Sincèrement, connaissant Manu, il n’a pas aligné Pasquà (Lucchetti) et moi par hasard (rires).

J’ai beaucoup échangé avec Pasquà, mon adjoint actuel, par téléphone pendant les vacances, avant la reprise. Nous ne nous étions jamais rencontrés, mais le feeling est passé immédiatement.

Un climat de respect et de confiance s’est rapidement installé.

Le défi est donc de travailler ensemble pour faire grandir le groupe, mais aussi, pour ma part, de participer à l’éclosion de Pasquà en tant qu’entraîneur.

Il est vrai que le binôme fonctionne très bien ! Cette complémentarité est agréable pour nous deux, mais aussi pour nos joueurs.

 

 

Pour cette deuxième partie de saison, quelles sont vos ambitions et objectifs ? Peut-on parler de saison charnière ?

L’objectif comptable est clairement de remonter en U19 Nationaux. Pour cela, il faut terminer premiers du groupe et ensuite gagner les barrages.

Pour l’instant, la première partie de saison se déroule bien. Nous évoluons dans un championnat assez hétérogène, où chaque match est différent, tant au niveau du jeu que des conditions. Quoi qu’il en soit, on ne nous a jamais rien donné, et il faudra continuer à aller chercher les victoires en faisant preuve de caractère.

Nous n’avons pas le droit à l’erreur ! C’est donc une opportunité pour nous d’apprendre à nous sublimer sous pression et, par la même occasion, de développer cette soif de compétitivité.

Il faut prendre conscience du club que l’on représente et savoir porter dignement ce maillot.

 

Comment gérez-vous à la fois la formation et la compétition, surtout avec cet enjeu de montée en U19 Nationaux ?

C’est très intéressant, car je pense que notre challenge est d’assembler ces deux éléments. Formation et compétition vont ensemble, elles ne peuvent pas être dissociées. Si, dans le cursus de formation, nous ne développons pas ce désir de compétition, il manquera quelque chose aux joueurs.

Par ailleurs, il est essentiel, malgré la recherche des victoires, de favoriser la progression individuelle des joueurs pour qu’ils atteignent leur plein potentiel. L’objectif est qu’ils puissent idéalement intégrer le groupe professionnel dirigé par Benoît Tavenot.

 

Vous avez participé à la formation de nombreux joueurs devenus professionnels, comme Laurent Koscielny, Marcus Coco, Ludovic Blas, Tanguy Ndombele ou encore Hugo Ekitike. Espérez-vous réitérer cela ici, au Sporting ?

Bien sûr, complètement ! L’objectif est d’aider les jeunes du centre à basculer vers le groupe professionnel, mais sans précipitation. Chaque joueur est différent. Certains ont besoin de plus de temps, et beaucoup de facteurs entrent en jeu.

Le centre de formation doit fournir des profils prêts pour le haut niveau. Bien sûr, nous allons former de "bons gars" et développer l’aspect scolaire, mais ce qui compte, c’est combien de joueurs réussiront à passer professionnels.

 

Qu’en est-il de la Coupe Gambardella ?

Cette compétition est une opportunité pour évaluer notre état actuel avec des matchs de haut niveau face à des équipes du continent, souvent en U19 Nationaux.

Le tirage contre l’ESTAC est excellent : c’est une équipe très compétitive, et nous aborderons ce match avec sérieux et détermination, comme toujours.

 

Entre championnat, Coupe de Corse, Gambardella... Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

Que mes joueurs prennent "goût à l’effort", qu’ils apprennent à se surpasser ensemble et à monter en puissance mentalement. Il faut maintenir notre élan et atteindre notre objectif principal de montée.

 

Pour finir, nous avons entendu dire que vous étiez, par le passé, un joueur rapide, percutant, très porté sur l’offensive et le but. Cela semble refléter un peu l’entraîneur que vous êtes aujourd’hui et influer sur le jeu proposé par vos joueurs cette saison…

(Rires) Oui, en quelque sorte !

En accord avec la direction sportive, qui recherche une certaine homogénéité dans les principes de jeu, j’encourage mes joueurs à proposer un football dynamique, basé sur la prise de vitesse et le jeu combiné.

Les transitions sont primordiales, qu’elles soient défensives, avec des réactions rapides à la perte, ou offensives, avec des projections rapides.

Nous avons de très bonnes données athlétiques sur les sprints et les distances parcourues, donc il faut continuer dans ce sens !

 

Cette saison, marquée par de véritables défis comme la remontée en U19 Nationaux et le parcours en Coupe Gambardella, est une belle opportunité pour le groupe U18, mené par Philippe Le Maire, de continuer à progresser tout en s’imprégnant des valeurs du club. Si le chemin est encore long, le travail engagé porte déjà ses fruits, laissant entrevoir de belles perspectives pour l’avenir.