Per a Giuventù Turchina - Portrait de Charly Raffalli

Per a Giuventù Turchina - Portrait de Charly Raffalli

En ce 29 janvier, Charles Raffalli célèbre son 78ᵉ anniversaire. L'occasion parfaite pour mettre en lumière cet homme dont le visage est familier à bien des amoureux du football insulaire.

En Corse, nombreux sont les enfants passionnés de football qui rêvent de porter un jour le maillot turchinu. Certains réalisent ce rêve en devenant joueurs professionnels, tandis que d’autres, animés par la même passion, s’investissent autrement pour le club, en encadrant les plus jeunes par exemple. C’est le cas de Charly, éducateur emblématique de l’École de Football du SCB et de la catégorie U10-U11, dont le parcours mérite d’être raconté.

Itinéraire d'un passionné

Né à Bastia en 1947, Charly est originaire de Vescovato, village natal de la légende du SCB, Charles Orlanducci, qui n'est autre que son cousin germain. À ses débuts, il travaille comme commercial au sein d’une société d’exploitation de tabacs et allumettes, tout en entraînant les équipes de l'AS Vescovato.

Puis, lorsqu’il prend sa retraite en 2007, une nouvelle aventure l'attend au SCB : Christian Bracconi, alors Directeur du Centre de Formation, lui propose de rejoindre l'École de Football pour y encadrer les plus jeunes.

Lorsque nous l’interrogeons sur son parcours de joueur, avec à l'appui des photos d’équipes où il figure, il nous éclaire sur l'incroyable opportunité” d'avoir passé près de 30 ans à jouer aux côtés de ses amis, qu’il qualifie de “bien meilleurs que lui”, avec une grande humilité, fidèle à sa nature.

“Venez le voir jouer avec les copains, tous les mardis et vendredis, vous allez comprendre... il continue de nous impressionner sur les terrains !” À en croire ses proches, Charly n'est pas prêt de raccrocher les crampons ! C’est d’ailleurs pour cela que Pierre Fontana, Directeur Technique de la Ligue de Corse, l’a convaincu de participer au développement du "Foot en Marchant" sur l'île, une discipline permettant aux passionnés de continuer à jouer au football sans trop d’efforts physiques avec un jeu axé uniquement sur la technique et la réflexion. "C’est super, on se régale ! L’an dernier, j’ai même eu la chance d’être invité à Clairefontaine pour un stage de foot en marchant", confie-t-il, enthousiaste.

On pourrait presque le surnommer "l'incontournable", tant cet éducateur polyvalent semble réussir tout ce qu’il entreprend.

17 ans de souvenirs et de passion

En 17 ans au SCB, Charly a vécu de nombreuses expériences. Il a accompagné l’émergence de talents comme Anthony Roncaglia à l'École de Football, l’accueil de Florian Thauvin au Centre de Formation, et a bénéficié de l'œil aiguisé du regretté Dumè Albertini, qui avait repéré Amine Boutrah à Porto-Vecchio alors qu’il n’avait que 12 ans. “Dumè avait cette capacité à détecter rapidement un talent, il était vraiment très fort”, se souvient-il avec nostalgie.

Il se rappelle également de l’époque où, à seulement 12 ans, Amine Boutrah était le seul jeune joueur à dormir au centre de formation, bien que cela ait été difficile pour un garçon de cet âge. "Le club veillait sur lui, il était traité avec beaucoup d'attention", précise-t-il.

Quand nous lui demandons quel est son plus beau souvenir de supporter, Charly répond sans hésiter : "Sans aucun doute, la victoire en Coupe de France contre l’ASSE, mais aussi la finale de Coupe d'Europe UEFA, même si le trophée nous a échappé..." Un souvenir gravé dans sa mémoire, lui qui se définit comme un fervent accanitu turchinu.

Cependant, il y a 7 ans, lorsque le club chute en 5e division (National 3), il nous confie avoir vécu cette descente comme une véritable catastrophe. "C’était un moment très douloureux. J'ai cru voir le club disparaître." Il évoque également une anecdote de l’époque : "Lors de la reprise du championnat, l’équipe première devait aller jouer à Porto-Vecchio. Stéphane Rossi, l’entraîneur de l’époque, ne savait même pas comment il allait pouvoir aligner 11 joueurs... pour vous dire d’où l’on revient."

Charly loue alors le travail du Président Claude Ferrandi, qui, selon lui, a fait preuve d’un courage et d’une résilience exceptionnels pour restructurer le club. Il n’oublie pas de féliciter toute la Direction, les joueurs, les supporters, ainsi que tous les salariés et bénévoles qui ont contribué à la remontée du club. "Ce n’est pas prêt de s’arrêter, car je ressens une véritable dynamique avec le projet actuel", assure-t-il, visiblement convaincu.

"Faire partie du club de ma ville et transmettre ses valeurs aux nouvelles générations est pour moi un véritable plaisir", confie Charly avec conviction lorsqu'on l’interroge sur son rôle d’éducateur. Il anime les entraînements des jeunes chaque mercredi et les plateaux du dimanche, motivé par l'idée de transmettre l’ADN du club dès le plus jeune âge.

Pour lui, l'éducation passe par le football. "Nous avons un rôle important à jouer dans l’éducation des enfants. Le football est le reflet de la société, on leur apprend à respecter les règles, à aider leurs coéquipiers, et plus encore", explique-t-il. En tant qu’éducateur, il s’attache à enseigner non seulement les bases techniques du jeu, mais aussi les valeurs humaines. Il prend particulièrement plaisir à travailler avec les catégories U10 et U11, où il peut commencer à cerner les talents de demain. "On les essaye à différents postes, et à partir de leurs aptitudes, on commence à imaginer leur futur rôle sur le terrain. Mais parfois, on peut se tromper, car le chemin est encore long et plein de surprises", précise-t-il avec sagesse.

Lors de notre échange, plusieurs proches sont venus nous faire part de leur respect et de l’admiration qu'ils portent à Charly. "Il est là, le Papi du Sporting. Il pourrait rester chez lui tranquillement, mais non, il vient, il donne, il transmet aux petits. C’est un exemple pour tout le monde !" témoigne un de ses amis.

Mais le "Papi du Sporting" garde une grande reconnaissance envers le football, ce sport qu’il aime tant, et envers le SCB, un club qu’il porte dans son cœur. "C’est pour ça que je continue à m’impliquer. Je veux permettre aux jeunes corses de s’épanouir et de progresser dans le football", conclut-il avec un grand sourire.

Le parcours de Charles Raffali est celui d'un homme dévoué à son club, à son île et surtout à la jeunesse corse. Éducateur emblématique du Sporting Club de Bastia, il incarne ces figures discrètes mais essentielles qui, dans l’ombre, forgent les bases humaines d’un club. Charly, c’est un amour indéfectible pour le Sporting et une détermination sans faille à transmettre bien plus que des compétences sportives : des valeurs, des principes, une vision. À travers son engagement auprès des jeunes, il leur offre non seulement un cadre pour évoluer dans le football, mais aussi une véritable école de la vie, où respect, solidarité et plaisir sont les maîtres-mots.